Des bénévoles au service de la mémoire de Saint-Pierre. Genèse de la base de données StPierre1902

En février 2001 nous avons reçu un mail de Dominique Taffin, nommée directrice des archives départementales de la Martinique l’année précédente et que nous connaissions depuis qu’elle préparait sa thèse de l’École des Chartes. Elle nous demandait si notre association, Généalogie et Histoire de la Caraïbe, pouvait participer aux travaux des Archives pour la préparation du centenaire de l’éruption de la Montagne Pelée.
Après quelques échanges il fut décidé que nous ferions l’inventaire de la série C8C (dossiers des secours aux sinistrés), aux archives d’outre-mer d’Aix-en-Provence (à l’époque CAOM, directrice Françoise Durand Evrard) afin de constituer une base de données des noms de famille.
Nous étions alors retraités depuis peu et donc disponibles et maîtres de notre emploi du temps. Nous sommes allés tous les deux une première fois à Aix pour découvrir ce fonds et réfléchir à la façon de l’exploiter.
Dans la série C8C (193 cartons) un peu plus de la moitié (100 cartons, bien remplis) sont des dossiers nominatifs, dont nous avons dépouillés les 57 premiers, d’Ablancous à Zonzon, les cartons suivants concernant les bourses aux étudiants, etc. qui font double emploi avec la première série puisqu’on y retrouve les patronymes compris dans les 57 premiers cartons.
Les 93 derniers cartons de C8C sont les listes des donateurs lors des souscriptions en faveur des victimes dans les départements métropolitains, souscriptions qui ont constitué la caisse des secours aux sinistrés.
Ayant fait l’acquisition d’un appareil photo numérique, avec un pied, et d’un ordinateur portable, nous sommes retournés à Aix 6 fois une semaine complète, de l’ouverture à la fermeture des archives. Nous avons bénéficié d’une autorisation exceptionnelle de Françoise Durand Evrard pour faire des photos en salle de lecture, ce qui était interdit à l’époque. Sans cette autorisation le dépouillement aurait été impossible. Nous sommes reconnaissants aussi envers Jacques Dion qui faisait monter par les magasiniers un premier lot de cartons pour qu’ils soient disponibles en salle de lecture dès notre arrivée en début de semaine.
J’ouvrais les dossiers un par un, prenais note des informations principales sur les personnes secourues et les décédés de leur famille et signalais à Philippe les documents les plus intéressants qu’il photographiait.
Philippe avait constitué une base de données sur laquelle il commençait à intégrer les informations rassemblées :
Pour chaque personne, 4 zones : 1) noms, 2) prénoms, 3) type de personne, 4) notes
1-2) Concernant les 2 premières zones le choix est souvent difficile. Le plus souvent nous nous sommes référés aux noms et prénoms qui figuraient sur l’enveloppe du dossier.
3) Le type de personne permettait de sélectionner
– les personnes disparues : lettre D, ou peut-être disparues : D ?
– les personnes secourues ou demandant des secours : S
– enfin toutes les autres personnes : A
4) Les notes : zone de 250 caractères comprenant les renseignements qui figuraient dans le document : nom du conjoint, date et lieu de naissance, fonction, etc.
Les sigles généalogiques (°, x, †) bien connus étaient utilisés.
Chaque renseignement était séparé du suivant par un astérisque.
Après ces 4 zones « individu », d’autres définissaient le document : type, date, lieu de conservation, etc.
Ont participé à enrichir la base de données :
Les Archives de la Martinique : listes des personnes secourues, publiées dans le journal officiel de la Martinique soit 4 178 personnes.
L’équipe d’Enry Lony, Université du temps libre (une vingtaine de personnes) : relevé dans les mairies de 30 communes du Nord Martinique des jugements déclaratifs de décès jusqu’en 1943 soit 4 392 personnes dont 2 868 disparus.
Chantal Cosnay, généalogiste professionnelle à Aix en Provence : saisie des tables décennales de Saint-Pierre 1874-1883.
S’y ajoutent des relevés de noms dans divers ouvrages ou journaux et des renseignements envoyés par des correspondants.
Pour plus de détail, voir sur le site de notre association https://www.ghcaraibe.org/ les 4 « Conférences 1902 » https://www.ghcaraibe.org/docu/docu.html et en particulier les deux premières :
Les dossiers de secours aux sinistrés (C/8c). – La population de Saint-Pierre en 1902
Constitution du site et de la base de données StPierre1902
En 2008 nous avons fait la connaissance d’Alex Bourdon, alors vice-président de l’AMARHISFA (Association Martiniquaise de Recherche sur l’Histoire des Familles), créée à Fort de France en juin 2002. Nous étions d’ailleurs présents à la réunion de création de l’association.
Philippe tardant à continuer l’intégration dans la base de données des notes et photos de 1902 qu’il avait effectuée jusqu’au carton 22, soit moins de la moitié des 57 cartons inventoriés, Alex Bourdon avait proposé de continuer.
Philippe lui a donc envoyé peu à peu, sur CD-Rom, toute la collection des photos prises et mes notes (plus de 100 pages), ainsi que des indications sur la façon de continuer la saisie.
Par ailleurs L’AMARHISFA a repris les jugements déclaratifs de décès faits par l’équipe d’Enry Lony, les a vérifiés et complétés. Alex Bourdon a intégré ces références ainsi que les renseignements envoyés par des correspondants.
Mais la mise dans la base étant trop complexe, Alex Bourdon nous envoyait ce qu’il avait saisi et c’est Philippe qui mettait à jour la base de données. Ce fut un gros travail pour chacun des deux.
La dernière mise à jour de la base de données est de novembre 2018, 6 mois avant le décès de Philippe.
Bernadette Rossignol et Philippe Rossignol (†)